Pourquoi la Turquie
Après s’être rendu à Istanbul en 2007, le prix Nobel portugais Jose Saramago  dit à un journaliste:
“Comment ai-je fait pour attendre aussi longtemps avant de venir en Turquie?”
Qu’est-ce qui fit dire ces mots à Samarago, l’un des plus importants écrivains du siècle? Que vit-il durant sa visite, que lui apporta celle-ci pour qu’il regrette de n’être pas venu plus tôt dans ce pays? Il est évidemment impossible de savoir exactement ce que recouvrait une expression si personnelle mais nous pouvons nous risquer à des suppositions. Cela n’est pas une tâche facile car la difficulté vient du fait que la Turquie est un pays aux multiples facettes. Il est possible d’y vivre à chaque saison et selon les régions des expériences très différentes.
DIFFERENTS REGARDS
L
a Turquie peut être décrite de manière distincte selon le lieu d’où on la regarde. Pour les lecteurs du prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, la Turquie c’est d’abord Istanbul et les histoires des habitants de cette ancienne capitale impériale.
C
eux qui écouteront le pianiste et compositeur turc Fazıl Say dans l’une des prestigieuses salles de concert

d’un pays européen définiront la Turquie comme étant un pays occidental.
La Turquie du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, palme d’or au Festival de Cannes, est celle des petites bourgades, semblables à celles d’Amérique latine des romans de Marquez.

Les lecteurs de Yaşar Kemal, l’un des plus grands noms de la littérature turque, découvrent dans ses romans traduits dans des dizaines de langues, le sud de la Turquie, la Méditerranée, les montagnes du

Taurus et les histoires de bandits de ces régions.  Un visage qui ressemble un peu à la Sicile, un peu à la Corse.

C
eux qui ont écouté dans les festivals de jazz de renommée mondiale Sabahat Akkiraz chantant des chants populaires turcs accompagnés d’instruments à cordes occidentaux, savent que la Turquie possède un patrimoine artistique où se fondent et transmettent à l’Occident les croyances venues d’Iran et d’Asie Centrale, les interprétations et les traditions de l’Islam.

La Turquie, c’est tout cela et, si un visiteur souhaite parcourir l’ensemble du pays, il repartira avec un album photo extrêmement riche.
L'IMAGE D'AUJOURD'HUI
E
n été, le festival de jazz d’Istanbul donnera l’image d’un pays dynamique qui accueille les plus célèbres musiciens. A cela vient s’ajouter les lieux de divertissement branchés, les hôtels de luxedes rives du Bosphore, le quartier de Galata qui rappelle Soho avec ses ateliers de jeunes créateurs et le tempo trépident de sa jeune population.
Istanbul est la seule ville au monde qui vive 24 heures sur 24. Vous pouvez y manger et vous y divertir à n’importe quelle heure, y voir tout ce que vous souhaitez voir.

C
eux qui se rendront en Cappadoce, au centre de l’Anatolie, garderont en mémoire une image de paysages semblant appartenir à une autre planète.  Non loin, Ankara, devenue la capitale de la Turquie moderne, est un symbole de la République.
À l’est et au sud-est du pays se trouvent les sanctuaires des plus anciennes religions et croyances, les centres les plus importants du christianisme oriental et des paysages vierges.
À l’ouest, dans la région de l’Egée où s’étendent vignes, oliveraies et champs de cotons, la culture méditerranéenne de l’époque d’Homère semble renaître avec les vestiges les plus remarquables de la culture gréco-romaine.  Les rives de l’Egée et de la Méditerranée possèdent des richesses à en surprendre un Athénien ou un Romain, héritier de la Grèce ou de la Rome antique.

Mais La Turquie est davantage que la somme de toutes ces images...
Au nord, bordant la Mer Noire, les hauts plateaux sont une merveille de la nature où, au printemps, poussent plus de 10 000 sortes de plantes endémiques.
Cette diversité rend la Turquie difficile à décrire de par sa géographie.
Alors que le sud du pays jouit d’un climat méditerranéen, celui de l’est est beaucoup plus rude.
À l’ouest, sur la côte égéenne, poussent des figues alors qu’au nord, sur les rives de la Mer Noire, le climat humide favorise la culture du thé et des noisettes. 
Les différences climatiques, les conditions géographiques et les flux migratoires ont tout au long de l’histoire influencé les modes de vie des habitants de ce territoire étendu. C’est pourquoi il est possible de répondre de façon variée à la question “Comment les gens y ont-ils vécu au fil des siècles?”.
L’histoire de la Turquie, qui est longue et complexe n’est pas l’histoire d’un seul peuple ou d’un seul empire. De là vient sa richesse.
On peut y voir de splendides vestiges de l’époque romaine mais aussi les traces des plus anciennes villes préhistoriques du monde.
Au sud-est de la Turquie, le site de Göbeklitepe, daté de 11 000 ans, est considéré comme le premier temple de l’humanité.
Homère a écrit ses épopées sur les rives occidentales de la Turquie, la guerre de Troie s’est déroulée dans la même région.
Les vestiges d’importantes villes de l’époque romaine, telles Ephèse, Aphrodisias, Priène et Milet y sont également situés.
Pour partir à la recherche de l’Arche de Noé ou refaire le parcours de Saint-Paul, il faut aller dans l’est ou le sud-est de la Turquie. C’est également là qu’ont vécu les bâtisseurs des temples mystérieux situés au sommet du Nemrut Daği, non loin de
l’Euphrate, ou ceux des villes souterraines de Cappadoce creusées dans le tuf.

Né sur ce territoire, l’Empire Ottoman, dont la souveraineté s’est prolongée du XIIIe au XXe siècle en faisant coexister les peuples, a laissé en héritage une richesse culturelle qui se retrouve rarement ailleurs, avec ses palais, mosquées et bazars oeuvres de maîtres turcs, grecs et arméniens.

Les Dardanelles, où eurent lieu les batailles les plus sanglantes de la Première Guerre Mondiale, sont situées en Turquie.
En adoptant en 1923 un système démocratique, ce pays a prouvé qu’une république pouvait être construite sur l’héritage d’un empire.
Mais la Turquie est davantage que la somme de toutes ces images. C’est en fait le lieu où s’est réalisé un rêve qui se perpétue depuis Alexandre le Grand: les clichés qui viennent à l’esprit lorsque l’on parle d’Orient et d’Occident perdent de leur valeur et ces deux mondes se fondent l’un dans l’autre dans la vie quotidienne de ce pays.
Avec ses usines, ses grattes-ciel, ses moyens de transport rapides, une population nombreuse, ses universités, une vie artistique dynamique, la Turquie n’a rien a envier aux autres grandes métropoles mondiales. Mais à cela vient s’ajouter des petites villes et villages aux traditions centenaires et de magnifiques paysages sauvages.

L
a vie en Turquie pourrait être résumée par le concept du “keyif”, ce “plaisir” qui rend plus douce la vie dans les grandes villes.  Se retrouver entre amis, observer les « vapur » traverser le Bosphore à Istanbul, lire un bon roman ou regarder un match de football c’est éprouver du keyif. Déguster les légumes farcis agrémentés avec du vinaigre de grenade de Gaziantep, les kebabs d’Urfa, le riz aux anchois de Rize, les fleurs de courgette farcies de l’Egée, les vins de Cappadoce ou un dessert au safran de Mardin relève du keyif. Le keyif est en fait un sentiment plus profond, plus durable que le plaisir: le keyif est l’art de saisir le temps qui passe.

Ce que Saramago a vu pendant son voyage en Turquie, les gens qu’il a rencontrés, les plats qu’il a mangés, c’est surement cela le keyif.

Et vous, comment avez-vous fait pour attendre aussi longtemps avant de venir en Turquie?


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